La mairie du village est un établissement multifonctionnel. À chaque jour, une centaine de lettres, colis et paquets divers sont traités dans l'immense double-pièce dédiée au bureau de poste. En parallèle, de l'autre côté du couloir les petits malins gazouillent dans leur cellule, provoquant parfois les foudres du shérif et les clins d’œil coquins de Martha, la secrétaire sexagénaire. Et n'oublions pas la salle de réunion au deuxième étage, où les familles les plus anciennes de la bourgade se rassemblent pour jouer le maire, puis le bureau de l'infirmière à l'autre extrémité du bâtiment. Un vrai cirque, disons-le ! Mais à Kingston, c'est simplement le quotidien banal de personnages reconnus jusqu'à la frontière de leurs précieuses terres.

Le magasin de Kingston, celui où on trouve de tout et de rien. C'est en quelque sorte le centre commercial du patelin, qui offre des produits locaux et internationaux, comme du matériel électronique et des vêtements plus ou moins haute gamme. Le seul hic reste le prix des articles de grandes marques, qui reste souvent très élevé, malheureusement. Tellement élevé que des sacs à main Louis Vuitton datant de deux ans sont toujours sur les étagères, un peu trop poussiéreux. Et détrompez-vous en pensant que vous pourrez acheter un carton de lait pour le déjeuner car aucun aliment n'est mis en vente ici. La boutique a fait une croix sur cet aspect lorsque Piggly Wiggly est venu s'installer en ville. Une entente entre les deux commerces a alors été signée, afin d'éviter les conflits.

Ouvert en 1973, le Broiler Steakhouse est aujourd'hui la propriété d'un quadragénaire ayant vécu toute sa vie à Kingston. Le célèbre restaurant était autrefois dirigé par le grand-père du gérant actuel, ce qui explique la distribution de ce titre qui reste dans la famille Harley. Il y a quelques années, le grill-room arborait encore les motifs et les couleurs des années soixante-dix, mais le propriétaire a jugé nécessaire de refaire toute la décoration intérieure pour être à la sauce de la mode. Le menu reste toutefois presque inchangé, comme la bonne ambiance bon enfant qu'on y retrouve en poussant les portes en verre. La plus grande addition fut celle des jeux de loterie et la modernisation de certains d'entre eux. Alors entrez et laissez-vous envenimer par l'odeur exquise des grosses pièces de steak cuit sur le grill.

Le casse-croûte offre le petit déjeuner et le déjeuner depuis janvier 1981 et son horaire n'a pas changé depuis, tout comme son menu. Le café n'est pas le meilleur de la région, mais on ne peut pas en dire autant des milkshakes et des crêpes. Le personnel est chaleureux et les clients pour la plupart sont des habitués. Les banquettes en cuir orange, les tabourets colorés et les tables rondes en bois foncé n'ont pas bougé d'un centimètre. Le seul changement apporté au cours des trente dernières années a été effectué dans l'uniforme des employés. Jusqu'en 2003, ceux-ci étaient contraints de se balader sur le plancher du resto avec des patins à roues alignées, un point qui a été rectifié vu le nombre impressionnant d'incident malencontreux liés à ces chaussures roulantes. Bien sûr, cette modification n'affecte en rien la bonne humeur qu'on retrouve chaque jour ici, au Sambo's.