the road where the path leads (to you) ★ BEAU

« Il ne se relève pas. » « Beau. Beau, tu m'entends ? » « Laissez-moi passer !! C'est mon fils !! » « Tassez-vous, laissez-le respirer ! » Toutes ces voix. Celle de ma mère, celle de mon coach, celle du médecin sportif, puis mes coéquipiers. Je les voyais, j'avais les yeux ouverts, mais j'étais ailleurs. J'avais mal à la tête, j'avais le souffle coupé, et une douleur effroyable m'élançait le genou. J'avais l'impression qu'il brûlait. J'essayais d'articuler des mots, mais qui ne sortait de ma bouche. Ma chute m'avait tellement prise par surprise, et j'étais tombé si fort, que j'avais de la difficulté à respirer et à reprendre mes esprits. Après un moment, je me relevai difficilement. « Ok. Ok. Je ... je vais bien .. » Mon coach et le médecin m'attrapèrent par les bras et m'aidèrent à me relever. En me relevant sur mes jambes, je poussai un cri de douleur qui fit pleurer ma mère. Mon genou me faisait terriblement mal. Je baissai les yeux pour réaliser qu'il était gros comme ma tête tellement l'enflure était intense. Mon coach m'aida à me rendre jusqu'à l'ambulance qui venait d'arriver de l'autre côté du terrain. Je sautillais sur ma jambe valide. J'entrai dans l'ambulance et quand les portes se refermèrent sur le terrain de football, ce fut aussi un adieu à ce sport qui était toute ma vie.

« Depuis que t'es sorti de l'hôpital, t'es vraiment chiant Beau. » Me lança Hales alors que nous étions encore en train de nous disputer. J'écarquillai les yeux. « Bah désolé, madame je réussis dans tout ce que j'entreprends ! Belle carrière de journalisme qui t'attends après cette putain de cérémonie de remise de diplômes. Moi il me reste quoi ? J'ai pas de plan B, Hales. Et mon plan A vient de disparaître à cause d'un putain d'accident. Alors désolé si j'sais plus trop où j'en suis en ce moment. » Elle me regarda un moment, secouant la tête de frustration. « Tu ne sais peut-être pas où t'en es dans ta vie professionnelle. Mais t'es en train de tout perdre autour de toi, Beau. Reprends-toi ou tu vas te retrouver complètement au fond du baril. » Je n'arrivais pas à croire qu'elle ose me dire tout cela, après tout ce que j'avais traversé. « T'es ma copine, Hales. T'es censée être là pour moi, pour me comprendre, pour m'aider. » Elle haussa les épaules, les yeux en larmes, fuyant mon regard. « Peut-être que je ferais mieux de ne plus être ta copine, alors ... » Nous nous regardâmes, un long moment, impuissants. Puis elle s'excusa de façon presque inaudible et elle partit. Sans même lui dire au revoir, je mis tous mes effets personnels dans un sac à dos et je partis sur la route des États-Unis, passant d'État en État, de refus en refus. Aucune équipe sportive ne voulait de moi. Alors je capitulai et me résignai à vivre la vie que j'aurais dû vivre depuis le tout début : celle d'un fermier de Franklin. Triste dénouement, mais le meilleur restait peut-être à venir ...