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« Je ne peux pas partir, il y a la fête de Jillian vendredi soir ! » Comme à beaucoup de vacances scolaires, la famille Fitzgard partait rendre visite aux parents de madame - le petit problème c'est que les grands-parents de Poppy vivaient dans un village retiré du Nevada et pour la jeune citadine qu'elle était, c'était assez difficile de passer une semaine entière loin de toute civilisation - entendez par là, loin d'un service téléphonique convenable - « En connaissant Jillian, je suis sûre qu'il y aura d'autres soirées du genre... » « Oh maman, toi aussi tu as eu quinze ans, si je loupe cette fête, je peux dire adieu à ma vie sociale ! Puis franchement Galveston ? J'ai passé l'âge de passer mes vacances chez grand-mère. » Poppy suppliait sa mère du regard, bien évidemment la fête de Jillian n'était qu'une excuse - quoiqu'elle avait vraiment envie d'y aller - « Je suis sûre que si grand-mère habitait à Miami, ça n'aurait pas été la même histoire... » « La ferme, Tortue. » Sa soeur marquait un point, mais hors de question de l'avouer devant sa mère. Les deux soeurs n'avaient même pas un an d'écart, pourtant elles étaient très différentes. Poppy était une amoureuse de la ville, des technologies et du shopping alors que sa soeur était du genre beaucoup plus naturelle, à aimer lire, voyager et être au contact des autres. Bref l'une adorait les vacances à Galveston et l'autre non. « Bon d'accord, mais sache que tu vas faire beaucoup de peine à ta grand-mère. » Malheureusement la culpabilité n'était pas quelque chose qui fonctionnait chez Poppy, alors c'est sans retenue qu'elle se jeta au cou de sa mère en poussant un énorme cri de joie. Il était facile de convaincre madame Fitzgard, et Poppy le savait très bien. Sa mère avait grandit à Galveston et dès qu'elle avait eu dix-huit ans, elle était partis étudier à San Diego. Et même si elle a vécu une enfance heureuse là-bas, Galveston ne lui a jamais manqué plus que ça, la vie à la ville lui convient d'avantage alors elle ne peut que comprendre sa fille.
« Merde Pop', qu'est-ce que c'est que tous ses sacs ? » « J'ai fais du shopping. » Poppy était allongée sur le canapé, le regard dans le vide, lorsque sa soeur débarqua dans l'appartement. Les deux soeurs partageaient un appartement en centre-ville - payé par leur père - la colocation ne passait globalement bien même si les affaires de Poppy empiétaient beaucoup sur l'espace de vie commune - comme ce soir par exemple - « Ok, la dernière fois que j'ai vérifié, le salaire d'une institutrice ne permettait pas de faire de folles virées shopping... » Poppy pouvait être impulsive avec son argent, mais pas aujourd'hui...« J'ai utilisé la carte de crédit de Paul. » « Il est au courant ? » « Il m'a trompé. » Poppy possédait un double des clef de son compagnon - qu'elle avait fait faire sans demander la permission à son copain, après plus d'un an de relation, elle trouvait cela tout à fait normal - et elle avait décidé de passer faire coucou à son chéri à l'improviste. flashback « Bébé, je crois que la femme de ménage est là. » Lorsque Poppy avait poussé la porte de l'appartement de son copain, elle tomba face à face avec une grande blonde vêtue uniquement d'une serviette. Ça déjà ça ne plut pas à Poppy mais le fait que cette dinde la prenne pour la femme de ménage, ce fut de trop et poppy lui envoya son sac à main en pleine figure, juste au moment où Paul sortait de la salle de bains. « Merde. » Poppa quitta l'appartement sans attendre d'explications, elle démarra sa voiture en trombe et en route, elle réalisa qu'elle avait toujours le portefeuille de Paul dans son sac - puisque cet idiot l'avait oublié chez elle, la veille au soir - et sans aucune hésitation, elle conduit jusqu'au centre commercial. end flashback Poppy se logea dans les bras de sa soeur en pleurs.
« Surprise ! » « Poppy, pourquoi est-ce que tu es entourée de valises ? » En effet, Poppy était encerclée de quatre valises - toutes lui appartenant bien évidemment - « Je pars avec toi à Galveston. » Surprise, incrédulité, peur...plusieurs émotions passèrent sur le visage de sa soeur, mais rien n'entacha la bonne humeur de Poppy. Elle avait pris la décision de partir avec sa soeur, premièrement pour s'éloigner de son ex et prendre du recul, mais aussi quitter son confort devrait lui faire le plus grand bien, et elle voulait être avec sa soeur. « Ecoute, je comprends que tu ai besoin de te changer les idées, mais tu as toujours détester Galveston. » « Détester non, c'est juste que la civilisation me manque rapidement mais je suis prête à faire des efforts. » « Je n'y pars pas en vacances, je vais y être pour au moins un an. » « Je sais, je pourrais toujours revenir ici si ça ne me plait pas... » Le regard de chien battu, Poppy le maitrisait très bien et même si généralement ce don ne fonctionnait pas avec sa soeur, cette fois-ci Poppy pouvait sentir la faille. « D'accord, tu as l'intention d'enseigner là-bas ? » « Pourquoi pas, je serais ravie de partager mes connaissances avec les enfants nécessiteux. » « Dis t'es au courant que ce n'est tiers-monde non plus. » Une fois sa soeur convaincue, Poppy se chargea des démarches administratives afin de pouvoir enseigner à Galveston. Ses démarches prirent quelques semaines et Poppy ne rejoingnit sa soeur que quelques mois plus tard.
Plusieurs mois à présent que Poppy et sa soeur se sont installées à Galveston, malgré beaucoup d'efforts on ne peut pas dire que la vie rurale soit faite pour Poppy - mais elle s'est elle-même fait la promesse de rester au minimum six mois donc elle tient le coup - Et puis son boulot en école primaire lui apporte beaucoup plus d'épanouissement que lorsqu'elle travaillait à San Diego, pour autant on peut facilement voir qu'elle n'est pas une fille de la campagne. « Camping ? Je ne suis pas aminatrice de colo. » L'équipe pédagogique de l'école primaire de Galveston s'était réunie un midi pour discuter d'une sortie scolaire. « C'est pour permettre aux élèves de se familiariser avec la faune et la flore qui les entourent... » « Oui d'accord, mais je ne vois pas en quoi ça me concerne ? Je ne suis pas d'ici, je ne vois pas comment je pourrais enseigner la faune et la flore aux élèves. » « Tous nos professeurs sont amenés à participer à cette expédition, ne serait-ce que pour un rôle d'encadrement.» Poppy poussa un long soupir, le seul contact avec la nature qu'elle avait à San Diego, c'était la plage et rien d'autre...« Ok mais quand vous parlez de camping, c'est pour les enfants, les professeurs sont logés dans un hôtel, non ? » Le fait que ses collègues rigolent ne mis pas la puce à l'oreille à Poppy, ce n'est qu'aux paroles du directeur qu'elle comprit le cauchemar qui l'attendait. « Je suis sûr que votre grand-mère a une tente à vous prêter, Miss Fitzgard.»
Le grand jour arriva, et après un voyage d'une heure dans le bus, le petit groupe arriva à l'entrée du parc national. C'est ici que commencait le long périple de deux jours, deux groupes furent formés, Poppy se retrouva à encadrer les élèves les plus grands avec deux de ses collègues - la vieille Bridget qui n'avait aucun goût vestimentaire et Silas, le seul jeune instituteur avec elle - « Je pense que tu aurais dû prévoir des chaussures de randonnée.» Il est vrai que Poppy n'avait prévu qu'une seule paire de chaussure, une paire de baskets compensées - les seules chaussures sportwear qu'elle possédait - « Pour qu'on ai l'impression que je chausse du 48 ? Non merci.» Son collègue s'esclaffa. « Hâte de voir comment tu vas survivre à ces deux jours, Poppy.» Il croyait pas si bien dire, le groupe de Poppy arriva au point de rencontre deux heures après le premier groupe et tout ça juste par la faute de la rouquine. Au bout de même pas une heure de marche, elle collectionnait les ampoules sur les deux pieds, sans parler des piqûres d'insecte, bref elle était à bout de nerfs, en sanglots et les élèves prenaient un malin plaisir à voir leur institutrice dans cet état. Elle s'était adossée contre un arbre, il lui avait fallu quelques minutes pour se calmer, finalement Silas vint à sa rencontre avec la trousse à pharmacie.« Alors ces pieds ?» Mais Poppy avait toujours ses chaussures, bien trop effrayée par la vue des ses pieds déformés par les ampoules. Silas lui retira ses chaussures et Poppy cacha son visage avec ses mains.« Alors ? » « Je pense que c'est l'amputation obligatoire.» Elle retira ses mains brusquement afin de voir l'ampleur des dégâts - bien que ses pieds ne soient que légèrement boursoufflés, Poppy cru aux paroles de son collègue -« Oh mon dieu, mes petits pieds, pardonnez-moi.» Elle éclata une nouvelle fois en sanglots, laissant Silas sous le choc. « Poppy, je plaisante, tu sais. Ce sont juste des ampoules, dans deux jours tu n'as plus rien...» Réalisant la blague, Poppy lança un regard noir à Silas. « Autre problème, on a monté ta tente et la fermeture d'entrée ne ferme pas et il n'y a pas de moustiquaire, alors Bridget est d'accord pour partager sa tente avec toi.» « Hors de question, je peux sentir son odeur de transpiration d'ici et je suis sûre qu'elle ronfle en plus.» « Tu préfères te faire dévorer par les animaux durant la nuit ? Je plaisante, l'endroit est sans danger.» Décidement l'humour du coin ne faisait pas du tout rire la jeune Poppy. « Très bien, je dors avec toi. Si je me fais attaquée, tu es celui qui a le plus de chance de pouvoir me protéger. » Elle ne lui laissa pas le choix, elle se dirigea - non sans mal - vers la tente du jeune homme. Probablement pas la meilleure idée qu'elle est eu, à chaque bruit suspect - le vent en autre - Poppy se rapprochait de Silas pour finir au lever du jour carrément dans ses bras - chose que les élèves ont remarquée - si déjà passer la nuit ensemble installa une ambiguité entre les deux collègues, les rumeurs qui allaient se faire de plus en plus présentes au fil des jours n'allaient rien arranger. |