- thanks for the wake up call maestro.

La fenêtre ouverte du salon laisse passer une brise printanière qui te procure un bien être fort agréable. La chaleur de la saison est digne d’une canicule aux avants gouts de voyage et de vacances. Ces dernières ne sont pour toi pas loin de se terminer mais tu aspires de nouveau à reprendre le chemin des trajets en bus avec l’ensemble de l’orchestre où les soirées à la belle étoile et les ambiances d’après scènes ont tendances à te manquer. Voilà un peu moins de deux semaines que tu es rentrée au  bercail pour profiter d’un peu de temps en famille mais également parce que les représentations ne reprennent que dans quelques jours. Tes doigts fins et agiles effectuent une chorégraphie au sein de cordes avec une grâce et une finesse qui demeure à l’image de ta douceur et de ta tendresse. La mélodie que produit ton instrument tourbillonne comme un vent de décembre acidulé par la sensation gourmande des mets de noël. Cette pensée t’arrache un sourire espiègle alors que tes paupières se ferment pour mieux t’imprégner du son classique. « Tu n’es plus aussi difficile à chercher qu’autrefois Grenouille. ». Cette voix tu ne l’avais plus entendue depuis plusieurs mois, mais tu la connaissais assez pour mettre un visage sur ce timbre de voix. Les paupières closes, tu laisses le bras tenant ton archet retomber le long de ton corps avant d’enfin poser les yeux sur celui de ton frère. Un sourire d’abord hésitant puis beaucoup plus apparent se dessine sur le coin de tes lèvres. Vous échangez un sourire complice comme autrefois juste avant de poser ton instrument et d’enfin le prendre dans tes bras. Les siens se referment autour de ta taille, de manière aussi protectrice que Grace pouvait le faire. Tous les deux avaient toujours été très soucieux de ton état de santé qui ne cessait d’être peu encourageant en grandissant. Vous étiez un trio bien que les aléas de la vie et que les décisions de chacun ont quelques peu fissurés vos relations. « J’arrive pas à croire que tu sois ici ! Je suis contente de te voir ! ». C’était tout toi. Juste te focaliser sur l’instant présent, savoir que Jonah était toujours vivant, qu’il allait bien. Ta fratrie passait et passerait toujours avant le reste du monde, quitte à t’oublier toi-même. Reculant d’un pas, il t’observe de haut en bas avant d’afficher un sourire suffisant qui signifiait clairement : tu as encore changé mais tu as l’air d’aller bien. « Je ne suis là que pour la journée, mais j’ai appris pour ta greffe et je voulais m’assurer que toi et Grace alliées bien. ». Ton regard bleuté se perd légèrement dans le vide. Les liens fraternels entre les jumeaux avaient une tendance non-dit à s’effriter. Et ce d’une manière que tu n’appréciais pas spécialement. « On va bien, mais tu sais que de nous deux c’est surtout Grace qui a besoin de t’entendre et d’avoir de tes nouvelles. ». Le blond aux allures malicieuses de ton enfance a perdue de sa superbe innocence et insouciance à la fois. Il possède un regard plus grave, plus encré dans un réalisme qui quelques fois semble le dépasser. « Allez viens, j’en connais une qui va être ravit de te voir ! ». Tonnes-tu avec un entrain enjoué et souriant à la fois. « Je doute qu’elle partage ton avis tu sais … ». Si Jonah était peu certain de lui il avait ses raisons sur les rancœurs que Grace lui portaient, mais tu savais qu’elle serait néanmoins très heureuse de le voir. Alors que tu entres dans la cuisine, la porte arrière donnant sur la pièce s’ouvre au même moment pour laisser apparaitre ta sœur qui affiche une expression surprise presque déconcertée. Seulement tu glisses sur l’un des nombreuses balles de ta boule de poils. Résultats des courses, te voilà les fesses sur les premières sur le sol. Une maladresse – qui venant de toi n’étonne plus personne – mais qui à la facilité naturelle de dérider les choses. Grace et Jonah échangent une étreinte fraternelle d’où s’échappe un rire amusé et moqueur à la fois. « La bonne nouvelle c’est que ma chute à au moins servie à une cause. ». Dis-tu en secouant la tête tout en fondant ton sourire parmi les rires des jumeaux. Seulement, tout ne dure qu'un temps comme le serait une saison.

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" Your unconditional love takes me to paradise.  
Before you I was blind and with you there's no disguise "
tumblr - lyrics : lenny kravitz

« Tu as déjà remis le tablier ? ». Accoudé au comptoir du bar du café, les mains accrochées autour de ta tasse de lait chaud, tu te retournes pour apercevoir le visage de ta sœur quelques peu déconfit pour ne pas dire légèrement en colère. L’opération au cours de laquelle tu as reçu ta greffe pulmonaire s’est révélée quelque peu mouvementé ce qui a toutes les raisons d’inquiéter tes proches. Grace avait été au petit soin pour toi durant ta convalescence durant et après ta sortie de la clinique mais il n’en demeurait pas moins que ses angoisses de ces derniers temps avaient tendance à prendre une ampleur supérieure. Elle s’avance d’une marche rapide avant de venir s’installer à coté de toi, un regard réprobateur accroché à ses traits d’ordinaire bienveillant. Elle fait signe au serveur qui est aussi ton collègue qu’elle désire un jus de fruit, un signe plutôt étonnant lorsqu’on sait qu’elle commande toujours une boisson chaude enfin d’après-midi. Encore un signe avant-coureur quelque chose ne tourne pas rond. Non pas que Grace soit si prévisible que cela mais il y a des vieilles habitudes qui ont la vie dures. Elle reporte ton regard azuréen sur toi disant clairement qu’elle attend une explication de ta part. « Calment toi, Grace … ». Commences-tu en souriant les mains levées droit devant toi comme le serait un drapeau blanc de l’armistice. Le sourire est un art qui ne te quitte jamais, comme ta bonne humeur ou encore ton habitude toute dévoué pour tes amis. « … Je n’ai pas repris le boulot, je suis encore en repos du moins à mi-temps. ». Ta période de convalescence était assez étendue, et t’engager à prendre du repos et à bannir l’effort tout à fait inutile. Et pour cela, ton ainée se révélée plutôt douée pour mener la bataille. Tu avais doucement mais certainement retrouvé le chemin des répétitions avec l’orchestre mais rien de bien fatiguant pour le moment. D’ailleurs tes partenaires se gardaient bien de te prendre pour une infirme, ce qui avait tendance à t’agacer et te gêner surtout intérieurement. Face à la teneur de ta réponse, Grace soupire d’aise comme si tu lui enlevais un gros poids des épaules. Tom dépose alors la boisson face à ta sœur, alors que tu en profites pour boire quelques gorgées de lait chaud et sucrée. « Je pensais que tu étais à la maison aujourd’hui ? ». Tu secoues négativement la tête en guise de réponse à son interrogation, sachant très bien que Grace attendait un peu plus d’informations venant de ta part. Non pas qu’elle soit curieuse, mais vous formiez un réel tandem depuis l’enfance. Votre complicité demeurait à l’image de vos sourires toujours sincères et honnêtes. Jusque-là jamais l’une de vous n’a menti à l’autre. Elle avait toujours été un modèle pour toi, la touche féminine dans ta vie là où l’absence d’une mère pouvait manquer. « J’attends Jay, mais je suis arrivé un peu en avance histoire de prendre des nouvelles de l’équipe. ». Dis-tu en souriant malicieusement à Tom qui te rend un clin d’œil amical. « Jay … ». L’intonation de Grace témoigne de toute la méfiance qu’elle nourrit à l’égard de ton ami. Tu passes une main dans tes cheveux légèrement ondulés avant de poser ton menton au creux de la paume de ta main droite. « Je vois que tu sembles ravit de mes projets. Qu’est-ce qui se passe, tu … ». « Je n’ai pas dit ça. ». Déclare soudainement ta frangine d’un ton froid et sérieux à la fois. Elle soupire à son tour peu satisfait que prend la tournure de votre conversation. Jay et toi vous étiez connus d’une manière tout à fait commune via une correspondance qui a duré plusieurs mois. Vous aviez tout de suite exprimés des intérêts communs bien que vous possédiez des caractères opposés. Après les discutions et les lettres et une première rencontre votre entente amicale n’a cessé de se renforcer. Et en dépit d’une légère absence de quelques semaines au cours de laquelle ta santé n’a cessé de se décliner, votre lien a conservé cette vigueur. « Simplement je m’inquiète pour toi. Je sais que tu as un grand cœur, mais il y a des choses qui peuvent te dépasser à un stade que tu n’imagines pas Clare. Je veux dire par là que tu devrais te méfier de Jay. ». Les propos de ta sœur sont teintés de franchise, tu le peux l’entendre et le savoir après toutes ces années. Seulement, tu as du mal à croire les dires qu’elle énonce. Tu fronces les sourcils d’un air suspect avant de reporter tes prunelles vers le liquide qui se trouve à l’intérieur de la tasse. Impossible de penser que Jay puisse te mentir, du moins il est difficile pour toi de l’envisager.

« Tu es sur que tu n’es pas trop fatigué ? ». T’interroge-t-il d’une voix soucieuse et douce à la fois. Ta maladie avait quelque fois été un sujet tabou pour toi, surtout lorsque ton entourage te perçoit d’une manière plus faible, comme si tu étais limité dans le temps. La vérité il y a encore un peu moins d’une année était véridique mais tu avais toujours été de nature optimiste et objective bien que ton manque de confiance s’entête bien souvent à te ralentir dans tes décisions comme dans tes actions. Tu hoches lentement la tête en esquissant un sourire quelque peu amusé au coin des lèvres, ce qui malgré toi te donne encore un air enfantin. Assis à l’arrière d’une vieille Jeep qu’il avait lui-même retapé, vous regardiez le désert situé à quelques kilomètres de l’autre côté de la route. « J’ai l’impression que tu as la tête ailleurs Clare, je me trompe ? ». Même au travers de simples lettres tu avais toujours eu l’impression que Jay pouvait lire entre tes lignes, un fait qui parfois été à double tranchant. « Pas vraiment, je suis un peu ici et ailleurs à la fois. C’est juste que … ». Tu soupires en songeant à la discussion que tu avais eu avec ta sœur un peu plutôt dans l’après-midi. Elle semblait être pleinement sur de ce qu’elle pouvait avancer et tu savais avec pertinence qu’elle n’était pas du genre à énoncer de telles paroles si elle n’était pas sûre d’elle. Pour autant, les croire revenaient à songer que tu devais te méfier de lui. Hors jusque-là, le jeune homme c’était montré plus qu’honnête et intime sur les évènements qui avaient rythmés sa vie. Cependant, il avait très bien pu te dire la vérité tout en occultant les parties sombres de son existence. Des faits dont il aurait du mal à parler, dont il essaierait de mettre de se départir pour mieux avancer ? Tant de questions pour très peu de certitudes. Y réfléchir de cette façon ne te mènerait strictement à rien de toute manière. Jay t’apportait un élan de liberté et de non limite là où tu semblais lui procurer un brin d’humanité. Ton compagnon soupire comme pour se relaxer en passant un bras autour de tes épaules déclenchant au passage quelques frissons le long de ton échine dorsale. « Laisse-moi un peu de ton ailleurs tu veux bien ? En échange je t’assure que je reste ici pour veiller à ce que tu arrêtes de trop réfléchir. Quand tu joues au moins tu ne réfléchis pas et ça te donne un air plus gamin ! ». Tu lui donnes un léger coup de coude alors qu’il réplique purement narquois bien que sérieux. « Mais ça te rend craquante tu sais. ». Tu lèves les yeux au ciel tout en essayant de suivre son conseil, de rester encré sur le moment présent.